La montaison 2023 a fait couler beaucoup d’encre et nous avons pu lire des articles disant tout et son contraire. Voici donc un récapitulatif de la situation en date d’aujourd’hui.
À l’échelle du Québec, si on prend toutes les données ensemble, on peut constater qu’il s’agit d’une année aux montaisons un peu moins importantes que la moyenne des dernières années. Cependant, le patron de montaison et le nombre de saumons est très variable d’une région à l’autre. Nous pouvons constater que, de façon générale, les patrons de montaisons ont été différents des dernières années, ce qui peut entre autres être causé par les conditions de débit variables, les crues importantes et la température de l’eau plus élevée que l’an dernier.
On peut aussi constater que la proportion de grisles est moins élevée qu’espéré. En effet, malgré les fluctuations naturelles du nombre de grisles, cette année a été moins élevée que dans les dernières années. Mais, encore une fois, la situation est variable d’une région à l’autre. C’est pourquoi, le 2 août dernier, le MELCCFP a annoncé la fermeture de la rétention des grisles dans les rivières de la Côte-Nord, de la Capitale-Nationale et du Saguenay-Lac-St-Jean. Dans les autres régions, même s’il y a une baisse au niveau des grisles, la situation ne justifiait pas d’étendre la décision à ces rivières en vertu du Plan de gestion. Cela n’empêche pas de faire des remises à l’eau, ni de suivre de près la situation!
Pour en revenir aux montaisons globales, vous verrez que les articles régionaux font état de la variabilité. En effet, on peut voir qu’en Gaspésie, les montaisons sont généralement bonnes, parfois même meilleures que l’an dernier (qui était déjà une bonne année). D’ailleurs, les seules rivières à avoir ouvert au grand saumon sont situées dans cette région. Au Bas-St-Laurent, on peut plutôt constater une année moyenne ou légèrement inférieure à la moyenne, mais assez proche de la « normale ». Malgré qu’aucune rivière n’ait ouvert au grand saumon, plusieurs sont en voie d’atteindre des seuils adéquats, mais une approche de précaution a été préconisée.
Du côté nord, outre la proportion de grisles, on peut voir plus d’hétérogénéité. En effet, la rivière du Gouffre et la rivière-à-Mars, par exemple, ont montré des montaisons surprenantes. Il s’agit tout de même de rivières où, malgré des années positives, la moyenne des dernières années justifie une approche de précaution pour les modalités de pêche.
Pour les rivières de la Côte-Nord, les montaisons sont plus préoccupantes. Certaines rivières de cette région, sur la basse Côte-Nord, n’ont pas ouvert le prélèvement des grands saumons quand elles le faisaient dans les dernières années en se basant sur le Plan de gestion. Nous savons qu’il existe des problématiques particulières au niveau de la région et beaucoup d’efforts sont mis pour documenter la situation et ajuster la pression de pêche. Si on compare aux dernières années, certaines demeurent près de leur moyenne des dernières années, d’autres, plutôt inférieures.
Si on revient aux montaisons globales, on peut penser que les conditions hivernales de l’an dernier ainsi que les conditions des rivières au printemps (température et débit) ont affecté les montaisons et les patrons de montaison. Il n’est pas encore exclu que des montaisons tardives puissent se montrer le bout du nez, particulièrement dans le contexte où les températures ont considérablement diminué dans les derniers jours.
On peut aussi penser que nous vivons aussi une année cyclique qui nous ramène aux montaisons pas super de 2018-2019. Le bar rayé fait aussi beaucoup parler et réagir, et je suis bien contente de voir que vous nous apportez des bonnes questions et pistes de réflexions pour notre podcast. Cela étant dit, en ce qui concerne la montaison 2023, il n’y a pas d’évidences qui puissent relier la forte abondance de bars et la plus faible abondance de saumons. On prendra le temps d’en discuter en long, en large et en travers!
Et si on regarde de façon encore plus globale, des données nous provenant de la Scandinavie et de l’est du Canada montrent le même portrait. En effet, plusieurs rivières nordiques, notamment en Suède, observent des montaisons préoccupantes. Chez nos amis des Maritimes, on peut voir un portrait aussi hétérogène que ce qu’on peut observer chez nous. On pourrait en discuter dans un autre podcast si ça vous intéresse. 😉